REPENSER L’ACCUEIL DES RÉFUGIÉS
15/03/2019
D’une ampleur historique, les phénomènes migratoires actuels nous engagent à repenser l’accueil des réfugiés.
Nous sommes aujourd’hui face au plus grand phénomène migratoire depuis la Seconde Guerre mondiale, avec 40 millions de déplacés internes et 22 millions de réfugiés1. Un flot humain qui ne fait que de commencer, puisque l’ONU annonce 250 millions de réfugiés climatiques à l’horizon 2050. Mais derrière ces chiffres, qui sont ces femmes, ces hommes, ces enfants, qui fuient la misère et la persécution ? Qui peut agir pour eux ? Et comment agir ?
Un débat enregistré en public le lundi 11 mars 2019 à La REcyclerie, avec Xavier Emmanuelli, fondateur du SAMU social de Paris et cofondateur de Médecins Sans Frontières, Didier Leschi, directeur général de l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (Ofii), et Cédric Herrou, agriculteur et président de l’association Défends Ta Citoyenneté.
Ouvrir nos portes et nos cœurs
« Ils sont notre mauvaise conscience. Ils sont notre peur et notre rejet. Ils sont l’incarnation du chaos du monde. Ils sont les regards que nous fuyons. Ils sont nos semblables à qui nous refusons cette similitude. » Le ton est donné à la lecture de ce passage d’Accueillons les migrants !, le dernier livre de Xavier Emmanuelli. L’auteur y dénonce la « mentalité Maginot » – une posture défensive qui consiste à occulter les flux humains en se repliant derrière des frontières. Pourtant, « les murs sont faits pour être franchis, les barbelés pour être coupés. » D’où la nécessité d’aller à la rencontre des réfugiés ; d’ouvrir nos portes et nos cœurs.
Individualiser l’accueil
D’après Didier Leschi, la crise actuelle n’est pas migratoire, elle est politique. Son constat est sans appel : « l’Europe n’existe pas sur cette question. » Le directeur général de l’Ofii propose alors deux grandes pistes pour améliorer l’intégration des réfugiés en France : par la voie du logement (ne pas se limiter aux centres d’accueil, aider les citoyens dans l’accompagnement des réfugiés, orienter les exilés vers des petites et moyennes villes françaises plutôt que vers les agglomérations) ainsi que par la voie du travail (rendre la langue plus accessible, renforcer l’accompagnement vers l’emploi).
Depuis 2016, Cédric Herrou – avec le soutien de voisins habitant la vallée de la Roya2 – a hébergé près de 2500 personnes exilées, avec la volonté de « considérer chacun en tant qu’individu. » Un acte qu’il qualifie avant tout de politique : « on s’est sentis responsable de l’espace public. Le chez-soi ne s’arrête pas à son salon, à son balcon. Il va jusqu’à la place du village. » Il témoigne aujourd’hui de l’élan de générosité dont font preuve nombre de citoyens en faveur des réfugiés : « il y a déjà un mouvement d’ampleur sur cette question. La société civile agit, tous les jours. »
L’équipe
Programmation : Les Filles sur le Pont.
Animation du débat, montage son, rédaction : Simon Beyrand.
Sound design : JFF.
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