AGIR FACE AU PÉRIL PLASTIQUE
28/11/2019
Depuis 1950, l’humanité a produit 8,3 milliards de tonnes de plastiques 1. Face à ce « péril plastique », il convient de bien identifier les causes et d’agir, collectivement.
Retour sur ce débat enregistré en public le 25 novembre 2019 à La REcyclerie, à Paris. Avec Laura Chatel, chargée de plaidoyer pour l’association Zero Waste France, Clémence Bernard-Colombat, chargée des relations publiques pour Loop France, et Matthieu Combe, journaliste, fondateur de la revue en ligne Natura Sciences.
Depuis l’avènement de notre société industrielle, l’omniprésence du plastique est l’une des plus grandes manifestations des humains – ou plutôt de certains humains – sur la nature. Le plastique s’immisce absolument partout. Dans l’eau que nous buvons, dans l’air que nous respirons, dans les sols que nous cultivons. Et même si, par miracle, sa production mondiale diminuait brutalement dès aujourd’hui, la planète devra tout de même vivre encore des milliers d’années avec cette matière.
Les limites du recyclage
« C’est important de trier, mais c’est assez compliqué de récupérer 100 % des matériaux, de les recycler, puis de les réintégrer dans des produits. Et la difficulté est d’autant plus grande avec le plastique » affirme Léa Chatel. Pour causes : la diversité des plastiques et le prix très compétitif de la matière vierge, principalement dérivée du pétrole.
Réduire la pollution plastique : un « éco-geste » surtout à la portée des industriels
Les foyers sont à l’origine de seulement 8,6 % des déchets produits en France. La quasi-totalité restante, soit 90 %, incombe aux entreprises, révèle Matthieu Combe. Dans son enquête Survivre au péril plastique, il souligne notamment les paradoxes des opérations de nettoyage, qui « bien que louables et utiles, peuvent donner l’impression que quelqu’un sera toujours là pour nettoyer les déchets de ceux qui polluent. […] Elles laissent également penser que les citoyens sont les premiers responsables de la pollution. »
Mettre fin aux plastiques à usages uniques et généraliser la consigne
Pour Zero Waste France, la priorité consiste à en finir avec l’usage unique « qui provoque aujourd’hui le plus de déchets. » Une démarche qui devra s’accompagner du retour à la consigne. Lancée en 2019, la plateforme Loop propose de livrer des produits du quotidien – surtout des grandes marques – dans des contenants consignés. Selon Clémence Bernard-Colombat, ce concept commence à faire ses preuves. « Nous avons plusieurs milliers d’inscriptions. Les produits les plus vendus sont ceux que l’on trouve difficilement en vrac, comme les boissons et les shampoings. Payer un supplément pour la consigne n’est pas un frein à l’achat. » Une idée ingénieuse, mais qui ne doit pas servir de caution verte aux industriels.
Pour aller plus loin
Matthieu Combe, Survivre au péril plastique (Rue de l’échiquier, 2019)
Flore Berlingen, Laura Châtel, Thibault Turchet, Territoire Zero Waste (Rue de l’échiquier, 2019)
Béatrice Johnson, Zéro déchet (Les Arènes, 2013)
Werner Boote, Plastic planet (documentaire, 2011)
Expédition 7e continent (documentaire, 2014)
Note
1 Selon l’étude publiée le 19 juillet 2017 par Science Advances, Production, use, and fate of all plastics ever made.
L’équipe
Programmation : Les Filles sur le Pont.
Animation du débat, podcast, rédaction : Simon Beyrand.
Sound design : JFF.
Photographie : © Ian Burt / Flickr
Pour suivre ce podcast
S’abonner aux débats de La Recyclerie : RSS, Itunes/Apple podcast, Spotify, Deezer, Imago, Castbox…