L’ÉCONOMIE CIRCULAIRE, POUR ENCLENCHER UN CHANGEMENT À GRANDE ÉCHELLE ?
03/04/2019
Dans un contexte d’effondrement écologique, comment intégrer la nature à nos économies ? Comment prendre un grand virage avec tous les acteurs de la société ? En réponse à ces problématiques, l’économie circulaire1 propose une nouvelle vision de la richesse et de la consommation.
Un débat enregistré le 13 mars 2019 à La REcyclerie dans le cadre des « 2C », un cycle de conférences proposé par la Fondation Veolia. Avec Dominique Bourg, philosophe, professeur à l’Université de Lausanne, Amélie Rouvin, responsable économie circulaire chez Veolia, et Marline Weber, chargée de mission affaires juridiques et européennes à l’Institut national de l’économie circulaire.
« C’est comme si tout s’était accéléré et, d’un coup, tout bascule. »
D’après Dominique Bourg, l’année 2018 s’est montrée déterminante pour la considération des enjeux environnementaux. « Dans l’hémisphère nord, tout le monde a pu toucher du doigt les changements climatiques » remarque-t-il. D’autant plus que ce ressenti général a été confirmé par une série d’études sur l’effondrement du vivant2 . « C’est comme si tout s’était accéléré et, d’un coup, tout bascule » analyse le philosophe, avant de mettre en garde : « ce qui va être puissamment affecté, c’est notre capacité à produire de la nourriture sur terre. »
Face à une telle situation, Dominique Bourg alerte sur la nécessité – et l’urgence ! – de suivre deux voies parallèles : changer radicalement nos modes de vie3 et revoir en profondeur nos économies. L’objectif ? Se reconnecter avec la terre et le vivant, fidèlement aux principes de la permaculture.
Embarquer tous les acteurs de la société avec l’économie circulaire
Pour Amélie Rouvin, « l’enjeu est d’embarquer le monde économique dans ce changement de système ; d’inclure à la fois les entreprises, les institutions et les citoyens. » L’économie circulaire peut ainsi jouer un rôle fédérateur, « offrir la compréhension que l’on agit au sein d’un écosystème. » Effectivement, ce concept économique se base sur une nouvelle forme de création de valeur. « Par exemple, expose-t-elle, les déchets ou eaux usées, peuvent être considérés comme une ressource locale pour un usage local, et ainsi créer une boucle d’économie circulaire. »
Marline Weber souligne quant à elle l’importance de revoir les mécanismes de marché car, encore aujourd’hui, « les produits bénéfiques pour l’environnement coûtent plus chers que les produits nocifs. » Dans cette optique, l’économie de fonctionnalité – qui consiste à remplacer la vente d’un bien par la vente de son usage – permet l’émergence « de nouveaux business models qui, dans un esprit gagnant-gagnant entre producteurs et citoyens, transforme notre société. » En somme, une nouvelle vision de l’économie « dont les jeunes sont de plus en plus nombreux à se saisir. »
Notes
1Concept économique dont la finalité est de réduire l’utilisation des ressources et d’optimiser leur gestion.
2 En particulier sur le plan des insectes, dont 41 % des espèces connaissent un déclin très élevé, selon cette synthèse de 73 études.
3Dominique Bourg se réfère aux « mesures extrêmes pour rester sous les 1,5 degrés », une étude publiée par Novethic.
L’équipe
Animation du débat : Alice Dominé.
Montage son, rédaction : Simon Beyrand.
Sound design : JFF.
Photographie : Pixabay.
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