ÉCOLOGIE ET RELIGIONS : RÉPARER LE LIEN ET GUÉRIR LE MONDE ENSEMBLE ?

Le 8 février 2022

À l’aube du chaos climatique, quelles responsabilités peuvent endosser les religions ? L’enjeu considérable de l’écologie est-il capable de rassembler la diversité de nos convictions – et confessions ?

Une conférence enregistrée le 27 janvier 2022 à la REcyclerie avec Martin Kopp, théologien écologique protestant, co-directeur de la campagne Living the change, Tali Trèves-Fitoussi, présidente du collectif et magazine Kol-Elles, et Amine Hjiej, président de Coexister France.

Quand l’écologie interroge les religions (et inversement)

Pour Martin Kopp, le grand défi consiste à allier l’écologie « extérieure » – les techniques, les mesures, la politique – et l’écologie « intérieure » – la reprise de notre imaginaire occidental moderne, aujourd’hui guidé par l’individualisme et le bonheur par la consommation. Ainsi, les idées portées par le mouvement de la décroissance (qu’il a intensément étudié) se révèlent précieuses :

« Nous sommes une société du croître. Nous avons mis la croissance au cœur de notre imaginaire. Notre société a un certain croire au croître, avec une vision très pauvre du croître, très matérialiste. […] La contribution des religions, c’est de redonner à la croissance sa pluralité, son ambivalence : il y a des croissances qui sont bonnes, d’autres mauvaises ; des croissances qui relèvent d’une bénédiction de Dieu, d’autres qui relèvent d’un interdit de Dieu. On peut donc faire croître la qualité plutôt que la consommation, les liens plutôt que les biens, etc. »

L’écologie, un socle commun pour agir ensemble

Le judaïsme contient des clés spirituelles pour penser l’écologie, nous dit Tali Trèves-Fitoussi. Quant au militantisme écologiste, il peut donner du grain à moudre à l’engagement religieux :

« Les religions doivent s’inspirer du militantisme, qui est un espace d’action. Aujourd’hui, les religions restent dans le côté philosophico-éthique. Il faut interpeller nos leaders au sein de nos religions pour faire bouger les masses et faire bouger le monde. On est des croyants et l’on doit parler en tant que croyants, avec nos outils de croyants. »

L’association Coexister est un mouvement interconvictionnel de jeunes de 15 à 35 ans. D’après Amine Hjiej, le président de l’association, l’écologie constitue un socle commun solide pour dialoguer et agir ensemble :

« Je suis persuadé qu’il faut que l’on se rassemble, car l’écologie est l’affaire de tous et toutes. Nous devons prendre ce sujet à bras le corps, nous rassembler dans la diversité de nos convictions avec ce socle commun qu’est l’écologie. C’est en faisant des choses ensemble que l’on va se challenger, s’inspirer mutuellement, et inspirer autour de nous. »

Pour aller plus loin

Lynn Townsend White, Les racines historiques de notre crise écologique, 1967

François, Laudato si’, 2015

Dennis Meadows, Donella Meadows et Jørgen Randers, Les limites à la croissance, 1972

Plaidoyer de Coexister France, Faire société avec convictions

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