Lutter ou être heureux•se : faut-il choisir ? 🎤 Alessandro Pignocchi, Tom (Vietnam-Dioxine), Fatima Ouassak

LUTTER OU ÊTRE HEUREUX·SE : FAUT-IL CHOISIR ? ALESSANDRO PIGNOCCHI, TOM (VIETNAM-DIOXINE), FATIMA OUASSAK

Le 24 mars 2023

En 2018, Alexia Soyeux lançait le podcast Présages et se prenait « la grosse claque de la prise de conscience écologique. » 5 ans plus tard, elle revient sur la question de l’engagement militant avec trois infatigables activistes.

Une discussion enregistrée en public à la REcyclerie, à l’occasion des 5 ans du podcast Présages d’Alexia Soyeux. Avec la participation d’Alessandro Pignocchi, auteur de bandes dessinées, de Tom, militant au sein du collectif Vietnam-Dioxine, et de Fatima Ouassak, politologue et essayiste.

« Ne soyez plus écoanxieux, soyez écofurieux ! » Lancée par Frédéric Lordon, cette injonction en dit long sur nos difficultés à passer de l’intime au politique. Dans un monde en surchauffe, comment faire face au mirage du « développement personnel » et aux sirènes du repli identitaire ? Comment lutter collectivement pour un monde meilleur tout en cultivant la joie ?

Pour ouvrir les débats, Alessandro Pignocchi propose une analyse historique du concept de bonheur – qu’il nous faudrait aujourd’hui revoir pour devenir militant :

« Les concepts de bonheur et de liberté ont été façonnés par la bourgeoisie lors des deux derniers siècles. La liberté bourgeoise consiste à faire faire à d’autres les tâches matérielles liées à la subsistance et au travail de la terre. Et le deuxième pilier de la liberté bourgeoise, c’est de se désintéresser des tâches politiques. […] Mais être libre, c’est être maître de ses moyens de subsistance et des décisions que l’on prend dans le territoire où l’on habite. »

Tom du collectif Vietnam-Dioxine explique, quant à lui, que l’engagement n’est pas toujours un choix ou un remède contre l’éco-anxiété, mais une nécessité :

« Si l’on parle de racisme, si l’on parle de colonialisme, on n’a finalement pas trop le choix de rentrer dans le monde militant. […] Quand on subit des injustices, on a envie de lutter pour s’émanciper, pour comprendre les causes. On ne réfléchit pas forcément à la question : est-ce que l’on va être plus heureux ? »

Fatima Ouassak, autrice de La puissance des mères (La Découverte, 2020) et de Pour une écologie pirate (La Découverte, 2023), invite chacun·e à s’engager dans une perspective de libération :

« On n’arrive pas à se dépatouiller quand on est isolé, quelle que soit la personnalité. Le passage au collectif permet de mieux s’en sortir, de mieux lire la situation, de mieux lire l’injustice. […] Je n’ai rien perdu en militant, au contraire, je n’ai fait que gagner. […] Militer est ma plus grande fierté. J’en suis même à me demander comment ne pas militer aujourd’hui. »